Il fut un temps où les films à grand succès étaient repris plus tard, une nouvelle distribution, une nouvelle équipe de production, ces films refaits avaient pour nom le qualificatif de remake. Notre histoire actuelle me fait penser à ce remake, indépendamment des événements, du modernisme et des avancées intelligentes dans tous les domaines.
Vous souvenez-vous du temps de notre enfance et de notre parcours scolaire (ceci est toujours d’actualité) nous aimions profiter durant les récréations de ces instants de détente avant la suite des cours. Il y avait aussi certains écoliers (chez les garçons surtout), plus costauds, plus forts que la majorité, qui avaient un plaisir vicieux de prendre le contrôle mais d’en faire étalage devant le reste pour imposer leur domination *parfois physique) sur le reste des écoliers. C’était eux qui pouvaient décider de qui aller jouer aux jeux de groupes, au foot, etc. nous parlons ici d’intimidation quoique le terme n’était pas si connu mais elle existait auprès de ces personnes pour qui la force physique était primordiale.
Je ne pense pas que grand chose aura changé depuis, disons que les moyens de causer du tort (psychologique et émotif) sont fort répandus surtout avec l’émergence et l’impact des réseaux sociaux. On ne parlera jamais assez des victimes d’intimidation lorsque c’est un peu tard, lorsque le mal est fait.
Nous nous trouvons en plein silence sociétal lorsqu’un enfant est victime, lorsqu’il souffre, on y attribue toutes sortes d’excuses mais on passe parfois (souvent) à côté du vrai problème.
Avec le recul je pense que ces échecs sont perçus telle une projection des échecs humains envers les victimes!
Durant ma vie scolaire, j’ai été victime de cette intimidation brutale, qui aurait pu empoisonner mon existence pendant de nombreuses années.
J’étais tout nouvellement arrivé de mon pays natal, l’Égypte, plongé dans un milieu parfois bouillonnant de vie des enfants de mon quartier. Tout allait bien en apparence jusqu’au moment où je me suis exprimé en arabe auprès de mes copains d’école. Rires, moqueries, et j’en passe. Ce dont je me rappelle c’est que les fameux intimidateurs me surnommaient l’égytien, ou mieux Al-masri (en langue arabe). Je ne comprenais pas, je croyais en l’universalité de mes semblables, ce traitement me collait au dos dans cette école de quartier des années soixante. L’année scolaire suivante malgré les nombreuses visites de papa à la direction pour en parler avec les responsables.
On essayait de raisonner dans un langage d’adulte, avec des arguments d’adultes, auprès d’un jeune enfant de sept ou huit ans; cependant on oubliait de traiter le mal à la source: cette source étant l’intimidateur, son milieu familial, son éducation. La seconde année j’avais pris la ferme décision de ne plus me laisser faire devinant aussi le prix que je paierai suite à vouloir résoudre moi-même cette situation.
Elias, le fier à bras, arrive en pleine récré me demande de laisser le terrain de jeu car il voulait jouer avec ses amis, je refuse, il me menace, me dit que je recevrais une volée et puis me lance à haute voix :c’est inutile de te parler tu n’es qu’un masri (égyptien). Je me souviens qu’il se trouvait sous moi alors que je le rouait de coups de poings. Je fus blâmé et puni (renvoi de l’école pour une semaine de cours), mes parents avaient continué le supplice en me privant de sortie le jeudi après-midi et d’argent de poche, j’étais le coupable aux yeux des adultes, mais au moins j’avais montré aux écoliers que je ne me taisais plus, j’avais donné aux plus calmes l’espoir que l’on pouvait arrêter les têtes brûlées. Au début de la nouvelle année scolaire Elias est revenu non plus pour se battre mais surtout pour faire la paix. Si son orgueil l’empêchait de s’excuser, nous avions au moins un statu quo.
Quel rapport avec l’intro de mon article, simplement pour exprimer mon constat que notre monde tel qu’il roule ressemble fort bien à cette même cours d’école où sévissent les intimidateurs en toute impunité. Les plus faibles devant se taire et endurer les sévices des plus forts qui abusent tout simplement. Aucune institution mondiale n’aura pu réussir à les défendre comme il se doit, souvent formulant des vœux pieux qui restent du domaine fort poli de ces choses qui ne verront jamais de suite concrète.
Pas grand chose n’aura changé, il y aura toujours des Elias que personne n’osera arrêter !
À la prochaine
Michl © – 2023